Syndicalisme en France, chronique d’une mort presque annoncée ?


Décennie après décennie, le syndicalisme en France n’en finit plus de péricliter. La fin des trente glorieuses et l’apparition du chômage de masse à la fin du XXème siècle ont signés l’arrêt de son expansion. Depuis, le nombre d’adhérents des organisations syndicales ne cessent de diminuer, réduisant comme peau de chagrin leurs implantations dans les entreprises et par conséquent leur force à participer à la définition du paysage du monde du travail. La dernière victoire remportée par les organisations syndicales remonte à 1995, lors des mobilisations contre le “plan Juppé”. Depuis cette époque, qui coïncide plus ou moins avec la chute des régimes communistes, les syndicats malgré des mouvements de très grandes ampleurs ont accusés défaites sur défaites. Plus démoralisant encore, loin de conquérir de nouveaux droits, les syndicats ne sont plus force de proposition et les batailles syndicales actuelles n’ont plus que pour finalité de contrer un tant soit peu les réformes de la partie adverse. Réformes qui, inexorablement, grignotent toujours un peu plus nos acquis sociaux. 

En 2017, ce sont les ordonnances Macron qui ont bouleversées le code du travail, notamment en matière de représentation du personnel avec la création d’une instance unique, le CSE, en lieu et place des précédentes CHSCT, C.E. et D.P. Pour reprendre une expression chère aux cadres dirigeants  d’entreprises, Macron a décrété la mutualisation des instances représentatives du personnel afin, disait-on, de simplifier ces dites instances, si complexes à comprendre pour les salariés. (!) Ce qui en langage syndical a signifié, réduire drastiquement le nombre de représentants du personnel tout en augmentant leur périmètre d’intervention et de facto rendre le syndicalisme de terrain encore plus inatteignable.
Plus généralement et plus récemment, le contexte international ainsi que le contexte particulier de notre pays, pandémies, télétravail généralisé, crises sociales, économiques et politiques, redéfinition de la place du travail dans la vie des salariés, font subir au monde du travail et forcément au monde syndical une nouvelle mue. Idéalement, cette mutation aurait dû être anticipée et faire évoluer en conséquence les structures et modes de fonctionnement des organisations syndicales. Hélas, trois fois hélas, le mode d’organisation sclérosé des organisations syndicales, les archaïsmes, habitudes et autres stratégies personnelles ont entravés ces changements nécessaires. Et finalement, les structures syndicales actuelles se sont immobilisées voire arc-boutées, prisonnières du système syndical qu’elles ont contribué à édifier.

La nécessité de se transformer


Pourtant les luttes et les mouvements sociaux massifs menés depuis 2016 auraient dû faire évoluer le monde syndicaliste.
Les mobilisations pour le droit du travail, les services publics et la fonction publique, pour l’hôpital public et la santé, les luttes des Gilets Jaunes, les combats féministes, la multiplication des #metoo avec justement #metooSyndicat. Et la prise de conscience de la société pour les luttes écologistes et la défense du climat devenues prioritaires. Mais aussi la lutte pour nos retraites, les luttes contre les violences policières, les luttes antiracistes ainsi que la dernière autour de #metooInceste ont posé les bonnes questions et nous ont démontré, s’il le fallait, que les questions sociétales, environnementales et de l’égalité réelle, de la justice et de la démocratie au sein de la société forment un tout et ne doivent pas être dissociées.
La société bouillonne et revendique bruyamment. Nous devons l’entendre. Ces manifestations doivent être considérées comme un socle de revendications cohérentes et globales et être reconnues comme telles au sein des structures syndicales.

Et Orange dans tout ça ? 


Ces dernières années, nombre d’affaires judiciaires relayées pas des collectifs féministes ont mis à jour les nombreuses violences que subissent les femmes militantes au sein des structures syndicales. Ces mêmes syndicats qui clament haut et fort leur engagement contre les violences sexistes et sexuelles (VSS), contre les violences policières ou encore contre les dérives arbitraires de notre société sont visiblement moins prompts à réagir et à mettre en place des protocoles efficaces  lorsqu’il s’agit d’écarter ou de sanctionner des représentants syndicaux masculins mis en cause.  Situation d’autant plus ubuesque que ces hommes sont dans de nombreux cas soutenus aussi par des femmes syndicalistes devenues à leur tour gardiennes du temple. Dans la même veine, ces syndicats qui affichent une vitrine syndicale irréprochable mais qui dans le même temps se préoccupent si peu de certains dysfonctionnements et de certaines connivences avec l’entreprise, ne bernent plus grand monde. Ce constat partagé par beaucoup  brouille le rôle naturellement attendu des uns et des autres en entreprise. Cela ne peut qu’éloigner les salariés.es et renforcer leur méfiance envers la chose syndicale. Sans parler des militants.es témoins de ces agissements, qui eux aussi ont besoin de sens et de clarté sur ces questions. 
Nous, syndicalistes, devons entendre et conscientiser toutes ces revendications sociétales pour ensuite être à même de les traduire en actes dans et hors de nos structures. Le fameux droit d’inventaires doit également avoir lieu, trier les dérives et ratés des réussites et fiertés, revenir aux fondamentaux qui ont fait le syndicalisme, et ne pas se résigner à n’être que des acteurs hors-sol, principalement tributaires des subventions patronales et de celles des pouvoirs publics.
Le syndicalisme est mouvant, traversé et percuté par des crises de conscience collectives et variées, qui nous somment de bouger sans cesse, nous en sommes convaincus.es. Prétendre que nous allons embrasser et faire nôtre ce paysage constamment agité et en demande perpétuelle d’auto-évolution serait présomptueux mais en tous les cas, à notre mesure, nous allons essayer.


Création et mise en place de CAT TELECOM à Orange


Pour CAT Telecom Orange, avoir conscience des enjeux nationaux, internationaux et politiques du monde dans lequel nous vivons est essentiel, nous en avons parlé plus haut. Nous sommes convaincus que cette disposition nous aidera à davantage répondre à notre mission qui est et restera la défense des salariés et la protection des militantes et militants.
CAT TELECOM Orange a pour objectif de prendre sa juste place en tant que force syndicale indépendante au sein de l’entreprise. Nous nous méfierons de toute connivence et assurerons notre rôle naturel de contre-pouvoir, au côté de nos collègues. Nous investirons les instances représentatives du personnel à bon escient, au profit des revendications de nos collègues et pour pousser les sujets prioritaires de CAT TELECOM Orange.
​​​​​

CAT TELECOM Orange est créé par des salariés et pour les salariés.es. Nous ne pouvons pas promettre de toujours avoir gain de cause. En revanche nous nous engageons vis-à-vis de nos collègues d’aller au bout de nos actions et d’utiliser tous les moyens syndicaux dont nous disposons pour faire aboutir leurs revendications. Le sens de ces actions sera le plus possible depuis les salariés.es vers les différentes instances de l’entreprise. Nous entendons rompre avec le mode de fonctionnement courant où l’agenda et les dossiers sont imposés par la Direction pour ensuite redescendre via les syndicalistes vers les salariés. 

CAT TELECOM Orange se veut un réseau de syndicalistes et salariés.es travaillant avec ses collègues, préoccupés.es des mêmes problématiques et en mesure de les porter justement. 

CAT TELECOM Orange se veut aussi un laboratoire de nouveaux modes d’organisation et d’actions syndicaux et entend bien explorer des formes inédites de mobilisations et de manifestations en entreprise et au sein de la société civile.

CAT Telecom Orange considère que le syndicalisme n’est pas une soumission de l’individu à des exigences collectives mais au contraire une pleine valorisation d’un apport personnel à la réalisation d’une œuvre collective. C’est la base du collectif qui décide et non l’inverse. Pour CAT Telecom Orange, nul collectif, nulle cause n’est plus important qu’un seul individu.
Notre propos est bien la défense des droits des personnes dans le monde professionnel dans un contexte qui tend à isoler de plus en plus les intervenant.e.s. CAT Telecom Orange a pour ambition de recréer du lien et de la dynamique de groupe dans un monde de plus en plus morcelé, uberisé, mondialisé et où l’individu a de moins en moins sa place face à l’organisation et à la « plateformisation » du monde du travail.

CAT Telecom Orange correspond à notre volonté d’auto-organisation nouvelle de la société civile en tant que force autonome. Pour cela, quatre piliers :

  • La défense des « salarié.e.s, travailleuses et travailleurs de tous types et de tout horizon ;
  • La protection de ses militants femmes et hommes ;
  • La prise en compte des enjeux climatiques et écologiques ;
  • Et bien évidemment, une posture pleinement féministe, universaliste et inclusive, cohérente dans ses actes.
    CAT TELECOM Orange, engagé.es à vos côtés !